Une baisse inquiétante de l'attractivité résidentielle des vallées alpines

A l'échelle macroscopique, les Alpes connaissent depuis maintenant plus de dix ans un ralentissement de leur attractivité, en témoigne le taux de variation annuel de la population. En l’occurrence, les zones d'emploi concernées par cette déprise au sein des "Alpes Centrales" sont le Mont-Blanc, la Tarentaise, la Maurienne et l'Oisans pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Briançonnais et le Queyras pour la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ces régions sont fortement marquées par le tourisme d'hiver avec beaucoup d'emplois saisonniers, de résidences secondaires ainsi que de services de proximité et d'artisanat. Dans ces zones, l'essor économique y est principalement tiré par le tourisme. Autour de ces constats naît l'hypothèse que le cumul de problématiques liées à l'accès au logement, à l'offre de logement et plus globalement aux conditions habitabilité sur le territoire jouent en la défaveur de l'attractivité des territoires de montagne isolés et éloignés des aires d'attraction métropolitaines. En 2022, alors que la majorité des activités économiques et touristiques reprennent leur rythme normal et que beaucoup de territoires cherchent leur positionnement dans un mouvement de transition des territoires de montagne, il apparait essentiel d'agir en faveur de l'attractivité de ces territoires alpins à travers un des leviers principaux : développer l'offre de logement pour de l'habitat permanent et des saisonniers, agir sur les tensions entre résidences secondaires et habitat permanent, et au-delà, développer de nouveaux services sur la question du logement et de l'habitat.

Le logement et l'habitat, point d'achoppement de l'attractivité des territoires alpins

Dans les territoires de montagne alpins comme ailleurs, l’attractivité pour les nouveaux arrivants dépend de nombreux facteurs : développement de l’emploi, accès aux équipements et aux services, dynamisme des centres-bourgs, accès aux réseaux de mobilité comme de télécommunication pour faire vivre les connexions essentielles entre territoires isolés et les polarités et métropoles, pourvoyeuses de services et d'équipements (éducation, culture, emploi, santé...). Au-delà des ces facteurs, nombre d'acteurs de l'aménagement, socio-professionnels, élus ou encore universitaires, pensent que parmi ce bouquet multi-factoriel, l'offre de logements, son accessibilité, la qualité de ceux-ci et les politiques de l'habitat, constituent le point d'achoppement des dynamiques démographiques et d'installation dans les territoires, mais aussi de manière plus directe, le principal frein de l'accès à l'emploi saisonnier comme à l'emploi durable, par ailleurs vecteur d'ancrage des populations. Ainsi, penser le logement et l'habitabilité des territoires rejoint l'enjeu du maintien en leur sein de populations contributrices de leur richesse et de leur développement, et non pas seulement consommatrices (des ressources, des paysages, des aménités, de l'offre touristique, des biens et des services).

Les problématiques actuelles rencontrées sur le terrain :

Partout dans les Alpes comme dans d'autres zones touristiques en France, les collectivités et les territoires souhaitent agir face à des constats partagés qui le consuites à agir. Ces constats sont nombreux et illustrent un cumul de difficultés particulier aux territoires alpins, qui font peser sur le nombre, la nature et la disponibilité des logements que ce soit pour l'accueul des travailleurs saisonniers que pour le maintien des résidents permanents :
- la difficulté de trouver du foncier pour mener des opérations de construction, renforcé par les récents objectifs posé par les décrets d'apppilication de la Loi Climat et Résilience, dite Zéro Artificalisation Nette ;
  • l'augmentation constate du coût du foncier et du prix au mètre carré dans les territoires de montagne comme au national, accru par les phénomènes de gentrification des stations et territoires touristiques, corrélé à la prédominance de résidences secondaires sur l'habitat permanent ; conduisant à une accession à la propriété difficile de même qu'à des tensions sur le prix du parc locatif à vocation sociale ou à destination des jeunes ou travailleurs saisonniers ;
  • la difficulté de trouver des solutions réglementaires et fiscales adaptées aux enjeux d'aménagement des territoires de montagne, et précisément sur les questions liés au logement et l'habitat ;
  • la difficulté de mobiliser dans le parc privé des lits à destination des jeunes et saisonniers dans des zones touristiques qui incitent davantage en meublé de tourisme ;
  • le manque de moyens et de leviers d'action pour les communes non couvertes pas une Politique Locale de l’Habitat (PLH) ou d'un SCoT, qui sont des leviers d'articulation à l'échelle de bassins de vie cohérents et vecteurs de mutualisation (de postes, de moyens...) pour nourrir une vision territoriale des enjeux et besoins au logement sur le territoire ;
  • le manque de transversalité entre les politiques locales de l'habitat, du tourisme, et des services à la population pour offrir une vision de l'offre de services à la population en saison et à l'année, pourtant indissociables pour penser des logiques d'aménagement du territoire et de logement particulièrement (lien mobilité-logement-travail-services notamment) ;
  • la difficulté pour les Bailleurs sociaux de consacrer des programmes de construction dans des zones tendues et soumises à un zonage qui ne favorise pas un bon équilibrage budgétaire des opérations du fait du prix du foncier ni adaptés aux seuils de revenus des populations locales ;
  • la difficulté à ancrer localement de nouvelles solutions ou services là ou existe une certaine défiance entre les publics résidents permanents, secondaires, publics saisonniers... ;
  • la fuite dans le parc privé de lits et de logements, plus rentables pour les bailleurs privés dans un contexte locatif très tendu et dans un contexte social difficile ou recherche de rentabilité prime souvent sur la mise à disposition solidaire ;
  • un certain manque de connaissance ou d'acculturation au champ des possibles autour de solutions de logements innovantes, nouvelles formes d'habitat voire habitats réversibles disponibles ....

Agir pour le logement saisonnier et l'habitat permanent :

Nous sommes convaincus que les solutions portant sur ces problématiques sont multiples, et dépendent de ressorts d'une volonté politique, de l'engagement des acteurs locaux privés comme publics, et de l'acceptabilité pour les différentes popoulations résidentes (permanentes ou non) des solutions envisagées par la collectivité, principale porteuses des solutions en la matière. Ces solutions sont innombrables :
- Développement d'une politique locale de l'habitat (PLH) ;
  • Stratégie immobilière et foncière et acquisition dans le parc diffus ;
  • Opération de construction / rénovation du bâti à des fins de logements communal à vocation sociale ou à destination des saisonniers ;
  • Captation de lits dans le Parc privé avec développement en gestion ou en madat de gestion de nouveaux services : intermédiation locative, cohabitation intergénérationnelle
  • Mesures réglementaires et fiscales, de conditionnalité ou d'incitation à la location, à la rénovation, etc.
  • Soutien aux actions d'un Service Logement / Habitat consacré ;
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Nous sommes convaincus que les collectivités et territoires alpins souhaitent accélérer la mise en oeuvre de projets en faveur du logement et de l'habitat permanent, c'est pourquoi nous avons conçu ce kit numérique Habit'Alpes afin de faire connaitre des solutions inspirantes et des territoires qui agissent.